Marius Explore

Marius, une nouvelle manière de voyager


Notre magazine Marius, qui paraît trois fois par an dans sa version papier, prend désormais vie ici.
Retrouvez le meilleur de nos contenus : des rencontres enrichissantes, des destinations encore peu explorées, des phénomènes de société décryptés, des découvertes culturelles. #MariusExplore
La version papier continue bien sûr son aventure et le nouveau numéro est à retrouver à l’Aéroport de Marseille Provence et dans plusieurs lieux emblématiques et inspirants de Marseille et de la région !

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DAKAR EN PLEIN COEUR

Dakar

Découvrez Dakar, l'élégante capitale sénégalaise où l'art, le design et la gastronomie rayonnent à l'international.

Bienvenue à Dakar, presqu’île de près de 4 millions d’habitants, bordée de sa corniche mythique, le long de l’Atlantique. Ici, l’air marin s’infiltre partout et les effluves de poisson séché se mélangent au doux parfum de mafé, plat convivial et réconfortant. La voix légendaire de Youssou N’Dour résonne du phare des Mamelles, un des rooftops les plus branchés du moment, en surplomb de la ville, aux petites échoppes de streetfood du Plateau, et l’art est partout, jusque sur les murs colorés du quartier de la Médina. 
Dans ce tourbillon urbain, les baobabs majestueux ont été préservés, témoins sacrés des époques qui se succèdent.
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KHADIJA SAMBE : BLACK SURFER GIRL  


Khadija Sambe est la première femme sénégalaise à être devenue surfeuse 
professionnelle. Grâce à Black Girls Surf, elle brise les tabous et suscite des vocations. 

Sur la plage de Ngor, tout au bout de la Corniche, juste en face de l’île du même nom, se trouve la fameuse « Ngor right », une vague bien connue des amateurs de surf, rendue célèbre dans les années 60 par Endless Summer, le documentaire culte de Bruce Brown. C’est là qu’est née Khadidja Sambe il y a 29 ans, au cœur d’une lignée de pêcheurs, avec l’océan Atlantique pour horizon quotidien.  

« Quand j’ouvre la fenêtre, chez moi, je suis face à la mer. Elle est ma deuxième famille », sourit-elle. 

Petite déjà, en sortant de l’école, Khadidja fait souvent semblant de chuter, pour contourner l’interdiction de se baigner, et plonge tout habillée au milieu des vagues. Elle repère très tôt la vague mythique, mais la pense réservée aux hommes blancs. 

« C’est un endroit très fréquenté des touristes, on y voit peu de Sénégalais, et il n’y avait jamais de femmes sur le spot à l’époque », se souvient-elle. 

Comme elle n’est pas du genre à demander la permission, à 13 ans, Khadija franchit la porte d’une école de surf, signe seule l’autorisation parentale qu’on lui tend et commence à prendre des cours auprès d’un moniteur local.  
« J’étais déjà très sportive, je pratiquais le volley et le kayak. Mais le surf c’est différent : c’est une passion. La première fois que j’ai réussi à tenir debout, j’ai hurlé de joie », décrit-elle. 

En 2018, elle est contactée par Rhonda Harper, qui l’a repérée sur Internet. L’Américaine a lancé le projet Black Girls Surf, une association qui milite pour une meilleure représentation des femmes noires dans le surf, et veut monter une antenne au Sénégal. Un autre rêve prend alors forme pour Khadija : après deux tentatives, elle obtient un visa pour les Etats-Unis et part six mois en Californie. Depuis, la première surfeuse professionnelle sénégalaise a fait trois voyages aux États-Unis et formé près de 200 petites filles au Sénégal, au Costa Rica et en Afrique du Sud.  

« À travers la pratique, j’essaie aussi de leur donner du courage, de les aider à avoir confiance en elles. Et puis on aborde la question de la santé mentale, un sujet essentiel et encore tabou ici ».  

À la veille de ses 30 ans, Khadija poursuit au moins deux objectifs : participer aux championnats du monde de surf et rencontrer un mari surfeur. 
« Un homme qui comprend mon style de vie. Ce serait trop difficile pour moi de laisser tomber mes rêves par amour ».

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OUSMANE MBAYE : SUBLIMER LA MATIÈRE BRUTE 

 

Son tabouret Patrimoine et son fauteuil club Organik sont déjà culte en Afrique de l’Ouest et même jusqu’au Japon, chez quelques amateurs pointus. Rencontre avec un génie du design qui aime lier le beau et l’utile. 

Dans une première vie, Ousmane Mbaye était frigoriste, comme son père. Pendant 17 ans, il a sillonné Dakar et ses faubourgs, il est entré chez les gens pour installer et réparer des appareils et il a observé leur quotidien à la loupe, avec curiosité, un peu à la façon d’un anthropologue.  
Nourri de tous ces intérieurs divers et métissés, inspiré par les boubous colorés et élégants de sa mère et par le travail minutieux des artisans du marché de Soumbédioune, sur la corniche, où il a grandi, il s’est mis à imaginer des meubles « simples et sincères », comme il aime à les définir, en passe de devenir iconiques. 
C’est le cas du fameux tabouret Patrimoine, une version revisitée du petit tabouret traditionnel en bois, aux bords recourbés, que l’on retrouve dans plusieurs pays d’Afrique. Le sien est en fer, arbore des couleurs pop, et se vend autour de 200 euros. 
Son premier objet ? Il était encore adolescent. C’était un bougeoir fabriqué à partir d’un globe de ventilateur en verre.  

« J’avais une toute petite chambre, à l’époque, et j’aimais déjà ajouter des touches magiques aux espaces pour les rendre plus beaux et plus joyeux ». 

À ses débuts dans la création, il y a 20 ans, il rencontre « deux femmes extraordinaires », la magistrate Marie José Crespin et la linguiste Marina Yaguello, qui bouleversent son destin. Elles l’amènent à conscientiser son rapport au design, « qui a une fonction essentielle dans notre quotidien, à la frontière de l’art et de l’utile ». 

Curateur de la dernière Biennale de Dakar (en 2024) où il s’est vu confier la noble mission de « ranimer » la section design, Ousmane Mbaye aime voir de nouveaux talents émerger et réfléchir de façon collective à des façons de promouvoir ce savoir-faire précieux.  
S’il a rapidement séduit une clientèle d’expatriés occidentaux avec ses meubles en métal aux formes courbes et aux couleurs acidulées, Ousmane Mbaye avoue que ses meubles ont mis plus longtemps à trouver leur place dans les foyers sénégalais.  

« On excuse beaucoup de choses à tout ce qui nous semble exotique », explique-t-il dans un sourire.  « Il a fallu que je sois bien plus exigeant dans mon travail, plus attentif aux finitions, plus pointu, en quelque sorte, pour plaire à mes compatriotes ».  

Pari plus que réussi puisque dans sa ville natale, Ousmane investit aussi l’espace public : ses bancs pop en métal ornent depuis 2019 la gare de TER de Dakar. 
Fort du succès de son show-room d’Abidjan, ouvert début 2025, il projette désormais de conquérir d’autres marchés africains. 

Prochaines étapes : l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Gabon. 
 

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PIERRE THIAM : LE GOÛT DE DAKAR 

 

Le chef Pierre Thiam est un trait d’union entre la gastronomie sénégalaise et le monde. À travers ses plats hybrides, les goûts qu’il fusionne et les histoires qu’il raconte, il remonte le fil de ses souvenirs jusqu’à la source. 

Pierre Thiam a grandi à Dakar dans les années 70 et l’odeur de son enfance, c’est cet air salin, mêlé aux effluves de street food, son péché mignon. 

« J’aime les beignets acaras, à base de haricots, qui se dégustent chauds et croustillants, trempés dans la sauce tomate, les condiments à base de tamarin, la sauce arachide et l’arrière-goût si spécifique du yet, cet escargot de mer fermenté qui fait tout le secret du thiéboudiène, notre plat national, à base de poisson, de riz et de légumes. » 
Né en 1965, Pierre se destinait plutôt à la chimie au départ. Traversant l’Atlantique pour terminer ses études universitaires, au début des années 90, il découvre un univers inexploré, à la faveur de petits boulots : les cuisines des restaurants new-yorkais. Il croyait ce monde fascinant réservé aux femmes tant il avait vu sa mère, ses tantes, ses grandes mères s’activer aux fourneaux. Il fait la plonge, le service, se lance comme commis, et quand c’est à son tour de préparer un grand plat convivial pour toute l’équipe, chez Garvin, puis chez Boom, il appelle sa mère et lui demande des recettes du pays, nostalgique. Devant le succès de ses plats, un mix des saveurs de son enfance et de ses inspirations métissées, Pierre mobilise tous ses talents de chimiste pour devenir chef. Il ouvre une adresse à Harlem puis une autre à Brooklyn et crée un phénomène de mode autour de la cuisine ouest-africaine, encore méconnue à New York au début des années 2000. 
Sa mission de transmission ne s’arrête pas là : il se met à écrire des livres (quatre en tout, en anglais uniquement), pour raconter l’histoire de ses plats et remonter le fil de ses origines. 
Aujourd’hui installé en Californie, Pierre Thiam se concentre sur un autre grand projet de vie : son rôle d’ambassadeur mondial du fonio, céréale très peu gourmande en eau, aux qualités nutritionnelles exceptionnelles.  
En bâtisseur de ponts, Pierre met en lien des petits agriculteurs d’Afrique de l’Ouest et des acteurs américains de l’agro-alimentaire via « Yolélé », la startup qu’il a fondée en 2017 avec son associé américain Philip Teverow. Sa petite entreprise, qui compte quelques salariés aux États-Unis et au Sénégal et un représentant au Mali, a déjà réussi à séduire de grandes brasseries internationales qui ont lancé leur bière à base de fonio.  

Son prochain défi : convaincre les géants de l’agro-alimentaire d’intégrer la céréale à certaines de leurs recettes, pour un impact décuplé.  

En attendant, il retourne au Sénégal pour monter sa première unité de transformation de fonio, une façon de maîtriser un échelon de plus sur la chaîne de valeur… Et une occasion immanquable de retourner déguster des spécialités locales sur la corniche, face à la mer. 

Réservez dès maintenant vos billets pour Dakar et laissez-vous séduire par sa scène créative en plein essor.   


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